Musique et Prestidigitation


Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, la musique en Prestidigitation a souvent été utilisée au XIXe siècle. Nous en conservons certains témoignages dans plusieurs collections privées, ce sont le plus souvent des partitions de musique. Celles qui se trouvent ici, ont été jouées au piano par le musicien lyonnais Max Franky. Pour les écouter, cliquez simplement sur la partition ou le lien correspondant.

" BENITA LA MAGICIENNE "

 

Voici une partition de musique utilisée par Melle BENITA ANGUINET. C'est une polka qui a pour titre " BENITA LA MAGICIENNE ". Elle a été composée à sa gloire, et la partition de musique reproduit le seul portrait que l'on lui connaît. En arrière plan, on peut voire sur la table divers accessoires de magicien, entre autre : la baguette magique, la boule à l'oiseau, la pyramide,... etc.

 

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"BENITA LA MAGICIENNE"
"à Melle BENITA ANGUINET"
"Polka-Mazurka pour piano par L. MICHELI"
"Pr 3F 75"
"Paris, au Ménestrel 2 bis r. Vivienne, Heugel et Cie Editeurs-Libraires pr. la France et l’Etranger"
1856 (?), 6p. numérotées, lithographie Bertauts, P. Cadet, Paris, signée 5. Ertrand (ou Bertrand ?),  (33 × 26 cm).
Il existe très peu de documents concernant cette magicienne : une magnifique photographie de la scène de son théâtre au Pré-Catelan (Le Pré-Catelan était à l'époque un parc d'attractions parisien situé en bordure du Bois de Boulogne actuel), une ou deux affichettes et une gravure parue dans                     " L'Illustration, Journal Universel " du 8 novembre 1856, intitulée "Théâtre de prestidigitation de Mlle Anguinet au Pré-Catelan". Le texte suivant accompagne cette gravure :
" Place maintenant au théâtre de prestidigitation du Pré-Catelan dont Mlle Bénita Anguinet est la magicienne. Après Bosco et ses successeurs, tous on ne peut plus remarquables dans le même genre et principalement après Ed. Brunnet l'inimitable, il y aura encore pour Mlle Bénita de la place dans l'admiration publique. Cette aimable magicienne est tout à fait de la bonne école que les dédaigneux appellent la vieille école, celle qui fait sortir une muscade d'un gobelet

il n'y a rien. Quant aux tours inouïs et probablement inédits au moyen desquels Mlle Bénita émerveille son monde, je renonce décidément à en discourir afin de vous laisser le plaisir de la surprise. Il suffit de vous apprendre que jamais succès ne fut escamoté avec plus de dextérité de bonne grâce et de belle humeur. "
Quelques entrefilets, sont parus dans le journal " L'Illustration, Journal Universel " le :

Tous font allusion aux spectacles de prestidigitation du Pré-Catelan et à la prestidigitatrice Bénita Anguinet qui fut également cantatrice.


" LA MALLE DES INDES "


Peu après la mort de son père, Emile Robert-Houdin prit la direction du Théâtre en 1873. Le nouveau directeur s’adjoignit la collaboration de Brunnet qui connaissait bien la célèbre scène pour s’y être produit fréquemment depuis 1870. Le titre " La Malle des Indes" donné à cette partition de musique, fait référence à une grande illusion portant le même nom et inventée par Charles de Vere (Herbert-Shakespeare-Gardiner-William-Charles De Vere dit, 1843- 1931) qui connut un grand succès en 1874 sur la scène du Théâtre Robert-Houdin.
Elle était présentée par Emile Robert-Houdin (Jean-Jacques-Emile dit, 1831-1883) et Brunnet (Pierre-Edouard Brunnet dit, 1824- ap. 1882). L'événement était relaté dans une rubrique des Soirées Parisiennes du 6 avril 1874 :

« ...Pendant ce temps, savez-vous où étaient la Presse, la grande et la petite critique, depuis les graves feuilletonistes du lundi, jusqu'aux chroniqueurs badins au jour le jour ? Boulevard des Italiens, au premier au-dessus de l'entresol, chez Robert-Houdin fils et Brunnet, qui offraient à MM. les Journalistes la primeur d'une expérience nouvelle...
Le prestidigitateur Brunnet est d'une rare adresse chacun sait ça. Il a la parole facile et élégante, et exécute ses tours avec une simplicité et une bonhomie tout à fait remarquables...
Le grand attrait de la séance, c'était naturellement le truc inédit : la Malle des Indes. C'est un des tours les plus étonnants qu'il nous ait été donné de voir.
On apporte un tapis qu'on étend sur la scène, de façon à rendre toute communication avec les dessous du théâtre impossible.
Sur ce tapis, on pose une malle qu'on ferme à clef et qu'on ficelle à quadruple tour, avec des noeuds solides et compliqués. La malle une fois ficelée, on la couvre d'une housse fermée par plusieurs courroies à boucles. On passe de nouveau quelques tours de cordes sur la housse et scelle les deux nœuds de dessus d'un cachet emprunté à l'un des spectateurs. Cela fait, on voit apparaître un Indien... auquel le prestidigitateur ordonne d'entrer dans la malle sans briser le cachet, sans enlever la housse, sans défaire les cordes. Un baldaquin descendant du plafond dérobe un instant à nos regards l'Indien et la malle. Au bout de trois minutes, le baldaquin se relève ; on brise le cachet après l'avoir examiné, on enlève les housses, on défait les nœuds, on ouvre la malle et on sort l'Indien qui, pour compliquer encore l'expérience, s'est glissé dans un sac fermé d'en haut. C'est vraiment fort surprenant. En sortant, les plus sceptiques d'entre nous croyaient à la Magie ...»



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" LA MALLE DES INDES ".
"GALOP BRILLANT POUR PIANO"
"A mes amis ROBERT HOUDIN ET BRUNNET"
"par GEORGES LAMOTHE"
"Paris Enoch père et Fils éditeur 27 Boulvd des Italiens"
3ème édition, 1874 (?), 7 p., (34,5 × 27 cm), couverture illustrée par une lithographie en couleur de Barbizet. Il existe plusieurs types de cette partition, dont :

"l'Edition originale" à 6f "l'Edition simplifiée" également à 6f "l'Edition à quatre mains" à 7f50

 



 

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Les deux premières se jouaient au piano à deux mains. Chacune de ces éditions ont eu plusieurs retirages. L'illustration de cette partition est de même type que l'affiche du Théâtre Robert-Houdin reproduite entre autre, dans le livre Les magiciens. Le monde fantastique de l’illusionnisme de Maurice Saltano et Bernard Joubert. Plusieurs d'entre elles portent la signature Barbizet, l'artiste qui a réalisé l'affiche.
Le rythme rapide de cette musique est un galop, il était censé rappeler celui d'un cheval au galop. C' était une danse typiquement parisienne qui fut très à la mode entre 1820 et 1875. Malheureusement, rien ne prouve que cette partition accompagnait la présentation de cette grande illusion. Toutefois, le rythme de la musique ne peut qu'accompagner des tours rondement menés, comme l'est entre autre " La Malle des Indes ".


" DANTE THE MAGICIAN "

 

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" DANTE’S SIM - SALA - BIM ".
"Fox trot from Dante's mystery revue"
"Words and music by ALVIN H. JANSEN"
"Spécial arangement by K. PECKE"
Prague, Universum éditeur, 1931 (34 × 27 cm).
Harry Jansen (1882-1955), plus connu sous le nom de DANTE, est originaire de Copenhague. Arrivé à l'âge de six ans aux Etats Unis, il s'intéressa très tôt à la magie et dès l'âge de 20 ans, il fit des tournées sous le nom de " The Great Jansen ". Après quatre années passées dans la troupe de Thurston, il prit le nom de Dante et parcourut avec sa propre troupe le monde entier. Il visita successivement l'Amérique du sud (1927), l'Europe (1928-1931), l'Inde (1932), l'Australie (1933), la Chine et le Japon (1934). Sa revue était intitulée SIM-SALA-BIM, c’était le titre d'une vieille berceuse danoise. En 1940, il passa au Théâtre Morosco de Broadway, sa revue connut un triomphe. Après encore cinq années de tournées à travers les Etats Unis, le Canada et le Mexique, Dante se retira dans son ranch au sud de la Californie. Dans les dernières années de sa vie, on le vit dans des films et il fut également conseiller technique dans des spectacles de magie télévisés. Nous reproduisons, ci-dessous, le Refrain de SIM-SALA-BIM :

Sim Sa-la Bim Sam Ba Sa-la Boo
these are Ma-gic words and ve-ry sim-ple to say,
sing Sim Sa-la Bim sing Ba Sa-la Boo
and you'll turn your work and trou-bles in-to play,
these words are Mys-tic and bave a Ma-gic mean-ing
one of the Mys-ter-ies of DAN-TE,
say Sim Sa-la Bim Sam Ba Sa-la Boo
say the Ma-gie words and wash your wor-ries a-wav.


" HORACE GOLDIN"

 

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" WEDDING-FUN ".
"Dedicated to HORACE GOLDIN Esq : Immense succès"
"Le Vrai Rag-Time"
"WEDDING-FUN"
Cette danse est la vogue d'Amérique, d'Angleterre, et du Continent, elle est le grand succès des revues et jouée par tous les orchestres. Danse nouvelle Américaine par Harry Mill. Edition originale et facile à jouer (35 x 27 cm).
Horace GOLDIN est né à Vilna (Pologne) le 17 décembre 1873, décédé à Londres (Angleterre) le 22 août 1939. Célèbre magicien, qui en vint minutes, faisait plus d’expériences que plusieurs prestidigitateurs réunis dans une soirée. Son nom resplendit très rapidement au sein du monde de la prestidigitation, il fut Président du Magician Club de Londres. Plusieurs fois, il eut l’honneur de présenter son spectacle devant de nombreuses têtes couronnées. L’un de ses tours favoris était celui des quatre œufs posés chacun sur un bouchon reposant sur un plateau supporté par quatre verres plein d’eau. D’une frappe sèche de la main, le plateau était lancé au loin et chaque œuf tombait dans son verre. Sa disparition d’un tigre vivant, fut longtemps le clou de son spectacle. Son dernier succès fut la femme sciée en deux.